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CLAWS, CLUES AND FAIRY DUST
29 avril 2011

Les lignes de fuite

C'est un peu terrible de se retourner quelques temps, histoire de nettoyer son passé. Effacer les traces crasseuses et moches, ou juste trop vieilles, qu'on a laissé derrière soi. Ca fait un choc. On regarde plein de photos qu'on efface ensuite, ou qu'on garde, en se demandant ce qui est le mieux : se souvenir, ou faire comme s'il n'était rien arrivé ? Faire comme si tous ces gens qui ne sont rien devenus de spécial pour soi, n'avaient pas existé ? On pose un regard plein de recul sur ces moments qui étaient à nous, qui étaient tout ce qu'on avait, et on se rend compte qu'on n'avait pas grand chose. On se revoit serrer des débris de verre contre son coeur, comme si c'était là l'amitié, ou l'amour, comme si c'était réel. Mais là dans le creux secret des photos, on voit paraître la vérité : solitude. Clowneries désespérées pour masquer le vide d'une vie solitaire, courir au milieu des gens pour justifier sa présence, et essayer d'être un peu là avec les autres, qui s'en fichent.

Je me souviens l'alcool à flot, et les nuits sans but. Les invitations rares, les moments vite passés de quelques rires qui ne font rien naître. Ils ne rappellent pas, hommes ou femmes, enfants... Il ne reste de toute cette vaine agitation que des souvenirs vagues enrobés de dégoût, de honte. Cette même honte de s'être à chaque oublié pour grapiller à peine un peu de sympathie, alors que les dos se tournent vite, que les mains ne se tendent pas. Et puis, sympathie, ou pitié ? A la fin on ne sait plus.

On a envie de fuir, d'aplatir cette perspective ne donnant que sur un passé foireux, gluant de bière, de vomi, de désespoir. On se demande comment on a pu ne pas être soi-même. Et la honte de l'avoir fait quand même. Alors au jour nouveau, adulte, réel, on offre des lignes de fuite. On espère le pansement sur les blessures anciennes encore suintantes.

C'est étrangement difficile de supprimer les mauvais souvenirs, les années vaines. C'est comme admettre qu'il n'y avait rien de bon dans ces années là. Admettre qu'on était perdu, et seul. Admettre qu'on était parti pour échouer. Ca fait beaucoup trop de choses à avouer pour quelqu'un que ces mêmes années on brisé encore un petit peu, sur ce qui était déjà bousillé.

Mais tout ceci me rappelle l'horreur de la folie. Celle-là qui se pointe, incontrôlable, au détour de son propre désespoir, qui nous envahit, nous consume, nous domine, et fait de l'être humain un simple cri de douleur, une boule de rage.

Parce que personne ne vient panser les plaies de l'humain, avant que la folie ne vienne.

Et une fois qu'elle est venue, même si elle s'en va, plus personne ne vous reconsidère jamais comme un être humain... Plus jamais. Les regards déjà fuyants disparaissent. Les visages connus s'éloignent et deviennent flous. Et il n'y a que l'innocent qui ne vous a jamais connu fou, qui peut encore vous aimer.

Ce passé qui m'a brisé, j'aimerais le briser à mon tour, et le faire disparaître comme il m'a faite disparaître. Mais si lancer les souvenirs dans les ténèbres aide un peu, tant de lumière pourrait partir avec. J'ai parfois peur d'oublier la beauté de la vie, ou peut être celle des humains, quand je me rappelle la façon dont on m'a traité. Mais je ne devrais sûrement pas avoir peur, car même en perdant la mémoire, c'est toujours le plus important qui subsiste non ?

L'âme comme on dit, immortelle.

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  • Entrez dans les mots confus qui fusent d'une Mena qui lâche la bride, et laisse sortir son bide. Ce qui passe par la tête d'une jeune humaine dans un monde de fous, de la poésie brutale au banal épanchement.
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