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CLAWS, CLUES AND FAIRY DUST
2 mai 2011

Intérieur corps

Pourquoi la beauté est-elle si importante ? Une âme en bonne et due forme ne suffit-elle pas ? La vie sur terre est comme un grand jeu de cache-cache où se mêlent petits angelots, psychopathes, écolos, pétasses, bonnes soeurs et militaires sous des manteaux de peau terriblement semblables. Mais s'habiller fascine. Plus besoin de parler pour apprendre à connaitre quelqu'un, l'habit fait le moine, ou du moins permet de savoir tout ce qu'il y a besoin de savoir. Je suis le genre de fille dont personne ne comprend la passion pour les vêtements, et surtout dont personne ne soupçonne cette même passion. D'ailleurs les gens ne comprennent tout simplement pas ce que je trafique avec mon apparence. Il faut croire que le parallèle avec ma personnalité est inévitable en fait. Si les gens ne comprennent pas votre apparence, s'ils y a des incohérences, ils vous oublieront facilement. Peu de gens dotés d'un cerveau fonctionnel - ou qui du moins ont choisi une voie intellectuelle dans le développement de leur personnalité - avoueraient le poids des vêtements sur leur dos, et ce qu'ils racontent. C'est vrai, les vêtements ne vous diront jamais qui est une personne, mais vous saurez presque tout sur ce que veut être cette même personne. Et au fond ça suffit à faire le tri, au moins au départ.

C'est le genre de réflexions qui me font comprendre à quel point je suis inadaptée à la vie sociale humaine. Vous comprenez, je change constamment d'apparence, à l'image de ce qui passe à l'intérieur de moi, des besoins du moment. Il est donc terriblement amusant de constater que c'est cette transparence qui me rend mystérieuse aux yeux des êtres humains. Quand je dis changer, comprenez bien que je ne suis pas la première mode venue, mais que par contre je peux enchainer le tailleur de grand-mère / socquettes après une longue journée d'étalage de codes vestimentaires punks. Souvent, femme varie. La transparence d'un être intérieur changeant et complexe semble être un vrai casse-tête pour le premier humain venu. Heureusement la vie sociale humaine a inventé une catégorie fourre-tout bien utile dans ce genre cas : la catégorie des gens bizarres. Fous. Excentriques. Etc.

Le vêtement est un roman sur nos désirs à lui seul. C'est le miroir de la matérialité la plus basse présente en chacun de nous, et c'est bien normal après tout, nous sommes faits de chair. Obligés de nous comprendre alors que chaque mot prononcé n'a le même sens pour personne. La société humaine est construite d'un feu de paille qu'on nomme le code social. C'est un peu comme l'argent, les billets de banque, c'est parce que tout le monde en a besoin que ça marche. Il n'y a pas de honte à être coincé dans de telles préoccupations terrestres, je veux dire en tant que terrien, et pourtant il y a ce désir tellement humain, de prétendre le contraire. Vêtements, maquillages, autant de costumes pour ressembler à autre chose qu'à des animaux. Grattes-ciels, paquebots, boeings, vaisseaux spatiaux... Qui essayons-nous de séduire ? Les hommes, ou bien les dieux ?

Pour ma part j'essaie de séduire mon âme d'enfant, de lui prêter tous les costumes qui l'amusent, la protègent, la rassurent, lui donnent de l'assurance, j'essaie de la réconcilier avec le monde des hommes. J'essaie de lui dire "Hé, petite fille, petite âme, toi aussi qui est terrestre, n'aie pas peur des humains, ce n'est pas grave si vous ne vous intéressez pas aux mêmes choses". Qui sait si ça marchera un jour. Le vêtement est un de ces codes sociaux qu'il faudrait que je maîtrise pour être acceptée, pour qu'enfin en me regardant, les gens me mettent dans la bonne catégorie. Vous savez quoi, pas vraiment rejoindre le rang, mais être laissée en paix. C'est pour ça qu'on veut tous être acceptés, qu'on veut tous comprendre comment faire pour paraître être la bonne personne. Paraître c'est être pour les autres. L'intimité, l'intérieur, c'est votre problème, et même les intellos s'en foutent en grande majorité. Il faut se débrouiller pour être laissé tranquille, et qui sait, peut-être pour se faire un jour des amis.

Vous pouvez essayer, mais n'oubliez pas qu'il vous faut choisir une catégorie dans laquelle vous désirez vraiment être, sinon gare à la casse intérieure. Le vêtement que vous choisirez sera comme une nouvelle maison, avec ses propres joies, ses propres peines; super vue sur le parc, mais infestation de mites; super apparence pour draguer, mais on est vite prise pour une fille de joie. Vous voyez le truc quoi.

De mon côté je crois que c'est peine perdue. J'aime tous les vêtements, il n'y en a pas un que je préfère. Ils me correspondent tous un jour ou l'autre. Mais c'est ça aussi d'avoir une âme, contrairement à l'image figée et immortelle du catholicisme. Avoir une âme c'est ne jamais être une image fixe; c'est être un flux constant de vie, tout à la fois hors du temps et irrémédiablement lié à lui. Mon âme, c'est mon plus beau vêtement, mieux que la couleur du temps, mieux que la couleur de la lune et mieux que la couleur du soleil, c'est la couleur unique de la vie que je suis. J'ai juste un peu de mal à faire semblant d'être une icône parfois, de me costumer comme les autres humains qui croient que pour ressembler aux dieux et connaître l'éternité, il faut graver son image à jamais dans la roche. C'est un peu bête, non ? Alors que même les mots ne savent ce qu'est l'éternité.

Amen, chers passionnés et non-passionnés de la fripe. Saluez vos compagnons de catégorie, et dites vous que ce n'est pas si mal d'être entouré de gens qui vous ressemblent à l'extérieur, puisqu'après tout, à l'intérieur c'est pire : on est tous pareils.

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  • Entrez dans les mots confus qui fusent d'une Mena qui lâche la bride, et laisse sortir son bide. Ce qui passe par la tête d'une jeune humaine dans un monde de fous, de la poésie brutale au banal épanchement.
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