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CLAWS, CLUES AND FAIRY DUST
28 avril 2011

Le bonheur est déjà à votre place

On parle souvent de faire un blog pour ceci, cela, pour la dernière rupture briseuse de coeurs et de couilles, le dernier tournant d'une vie qui ne tournait pas rond, pour l'évitement raffiné du cabinet de psy, ou même pour dire la vérité vraie sur telle pimbèche de Saint-Trifouillis-les-Oies. Et si on ne parlait pas de faire un blog, si on le faisait directement ?

Ca déborde juste un peu trop des fois quand on y pense; ou quand on y pense pas et que le cerveau marche tout seul, au détour d'une limitation vidéo, d'un arrêt prématuré du lecteur de disques, ou de la fin d'un déjeuner de gare. Et c'est terrible parce qu'on a toujours quelque chose à raconter, ne serait-ce que pour le plaisir d'entendre claquer régulièrement les touches de l'ordinateur, douces, chaudes, et juste agréables. Même dans le bonheur on a envie de s'épancher. Mais voilà ce qui est étrange : dans le malheur on n'a envie de ne parler que de ça, de pourquoi on est malheureux, et comment, et sous quelles couleurs, angles, odeurs on le vit mal, des fois bien; et pif paf pouf, dans le bonheur on a surtout envie de parler d'autre chose, comme si déclarer la chose avec des mots proprets sur la page blanche allait tout gâcher. Le bonheur s'enfuit-il si on se le raconte trop ? C'est ce que je me disais un peu avant de le vivre, et c'est vrai. Le bonheur, on n'en parle pas, on le fait.

Essayez un peu de partager - avec vous-même ou confrère - le bonheur que vous ressentez. Vous le verrez flétrir sous le poids des mots, qui soudain paraissent si niais, qui soudain amoindrissent la joie, déforment le plaisir, et soulignent insidieusement des défauts que vous n'aviez pas vu. A mon avis il n'y a pas de défaut dans le bonheur, mais si vous vous mettez à y réfléchir vous en trouverez toujours, car c'est ainsi qu'est fait le cerveau de l'humain : il est fait pour tout gâcher et tout recommencer. Dureté de l'évolution, cette grande salope évinceuse de dinosaures, de colosses, de dodos et d'innocents kiwi. L'humain est né pour aller toujours plus loin, et ne jamais s'arrêter siroter le thé glacé du bonheur, ne jamais se poser profiter du soleil, toujours vouloir l'herbe plus verte sur la planète d'en face. Faites-vous du bien, fermez les magazines tortionnaires qui veulent que vous repensiez tout, et arrêter de réfléchir deux secondes sur les choses qui vous rendent heureux.

Marre de la psychologie de comptoir qui vous dit que si Bobby vous rend si heureuse c'est à cause des saloperies que Freud a révélé sur votre relation juvénile à votre papa adoré. Le malheur, les emmerdes, c'est bien pour réfléchir et faire mieux, avancer. Mais franchement le bonheur, vous croyez qu'il se demande pourquoi cette si commerciale fête de Noël fait rayonner votre petit coeur ? Non, et il a bien raison. Marre de cette société hypocrite qui promet le bonheur à tous, à condition qu'on le remette toujours en question. "Le confort c'est pas bien, ça tue la planète, culpabilisez !" Au lieu de chercher de vraies solutions aux problèmes, le cerveau humain se contente d'entretenir le malheur à coup de réflexions bien senties sur les vérités vraies du malheur quotidien, universel et par tous partagé.

En tant que femme nouvellement heureuse, je vous le dis, vous n'avez pas le pouvoir sur grand chose, à moins de s'y mettre tous (mais qui a envie de faire confiance au premier inconnu venu ?), donc relâchez la pression et rendez-vous compte que les puissants s'en contrefoutent de votre petite vie. Votre bonheur, c'est votre problème. Donc ne gâchez pas tout. Lâchez les pilules, les thérapies, les articles bidons sur les problèmes de couple, ou l'horreur des gens qui n'arrivent pas à grandir, lâchez ces modes qui vous ordonnent de suivre tous les autres dans le malheur du moment : faites ce que vous aimez !

Si collectionner des poupées de porcelaines ultra flippantes vous rend heureux, foncez. Et vraiment, ne demandez pas à quelqu'un d'autre ce qui pourrait vous rendre heureux, niveau cerveau, sexe, corps, beauté, nourriture, parce qu'il ne peut pas le savoir, il n'a pas votre don : être à votre place.

Je ne dis pas que c'est miraculeux, et vous n'allez peut être pas obtenir tout ce que vous voulez. Et c'est ça la différence profonde entre un adulte et un enfant, c'est le courage d'affronter la réalité. Non, avoir tous les films Disney chez vous n'a rien à voir avec le fait d'être adult, pas plus que le fait de sauter à pied joints dans une flaque si vous avez 70 ans. Ca c'est des conneries, de l'étiquette, de la bienséance à deux balles parce qu'il faut respecter les costumes cravates qui ont bâti ce monde en vendant leur âme au diable, et faire comme eux pour qu'ils ne se sentent pas trop mal. Être adulte, c'est savoir ce qu'on veut, travailler à l'obtenir, mais savoir se coucher dignement quand les choses ne marchent pas, trouver un plan B à vos rêves, et tout simplement, vivre, concrètement. Construire. Arrêter de se morfondre sur le bas côté de la route parce que la vie c'est trop dur, et continuer courageusement d'avancer comme on peut, et de trouver, dans toutes ces petites choses qui font la vie, son propre bonheur.

Le 21ème siècle sera révolutionnaire ou ne sera pas... A vous de grandir et d'arrêter de regarder l'herbe verte du voisin d'à côté, d'admettre que vous préférez l'herbe bleue, rouge ou arc-en-ciel, ou tout simplement le sable, et avoir le courage d'éteindre la télé, de fermer les journaux, et de vous débrouillez tout seul comme un grand pour construire votre vie, sans suivre les autres.

Le 21ème siècle est celui des individus, peut-être jamais libre économiquement, politiquement, socialement, mais un peu plus libres dans leur tête, et un peu plus heureux de vivre.

Oui, vivre c'est déjà pas mal, surtout avec à manger, à boire, et de quoi réfléchir quand on est malheureux ou qu'on a du temps à perdre. Il ne s'agit pas de culpabiliser, car ça ne sert pas à grand chose en général, à moins de se reconvertir en Mère Thérésa instantanément, mais il s'agit de réaliser cette chance qui nous a été donnée, et de la prendre, tout simplement.

Avoir son pavillon en zone résidentielle, son canapé tout confort et son barbecue du weekend, ce n'est peut être pas le rêve américain, ce n'est peut être pas le rêve de tout le monde, mais c'est louable. Si nous sommes des moutons à la botte des puissants, autant arrêter les angoisses inutiles et aller paître à l'endroit parfait pour nous, au lieu de rester tous en rang, hypnotisés par l'herbe trop verte des médias (en plastique très certainement). En somme, si nous sommes des esclaves sur Terre, nous sommes libres à l'intérieur, et dans le petit pré carré délimité de barrières, nous pouvons courir dans tous les sens. L'essentiel avant de mourir c'est d'être heureux, c'est ça qui embellit le monde.

Regardez les bêtes que nous élevons pour les manger : la viande de meilleure qualité est celle qui est morte sereinement, avec le moins de souffrance, et avec le plus de bonheur avant le coup de grâce. Il faut réaliser que nous sommes pas différents, que nous ne sommes pas mieux que les animaux. Et même quand l'humanité est autant bétail que dirigeants, je ne vois pas où est le miracle, c'est pareil dans la nature.

En conclusion, et en résumé, trouver son bonheur c'est déjà comprendre qu'il ne dépend que de soi-même, et qu'il faut du courage pour vivre, qu'on soit comme du bétail ou qu'on se prenne pour un roi, on n'est que des animaux, effrayés de mourir et cherchant désespérément l'herbe verte qui nous rassurera. Le secret du bonheur c'est alors de lâcher prise avec les diktats de la mort, de la vie en société, et de se faire soi-même sa petite place, discrète, chaude et confortable. Peut-être pas exceptionnelle, mais satisfaisante. Le bonheur c'est de la satisfaction avec un petit quelque chose en plus, peut être cette magie qui s'opère quand on trouve la paix, et qu'enfin, on lâche prise avec ce qui n'est pas important.

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CLAWS, CLUES AND FAIRY DUST
  • Entrez dans les mots confus qui fusent d'une Mena qui lâche la bride, et laisse sortir son bide. Ce qui passe par la tête d'une jeune humaine dans un monde de fous, de la poésie brutale au banal épanchement.
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